Nous examinons ci-après divers facteurs qui ont permis au marché des actions de valeur internationales de dégager de solides rendements dans la foulée de la bulle technologique, en tenant compte des différences structurelles mentionnées ci-dessus.
Change
Au lendemain de la bulle technologique, les investisseurs ont cherché des occasions en dehors des États-Unis, et le dollar américain s’est déprécié de 40 % entre le sommet du marché et 2007. Du point de vue des investisseurs américains, cette dépréciation a contribué aux rendements des actions locales non américaines, car ces rendements ont été convertis en dollars américains. Aujourd’hui, même si le dollar américain demeure vigoureux par rapport aux données historiques, la monnaie a perdu 5 % au cours de la période de 12 mois close le 30 septembre 2023, et les pressions à la baisse pourraient perdurer, car la fin des mesures de resserrement de la Réserve fédérale américaine semble imminente.
La relation entre devises, produits de base et produits industriels
Au cours du cycle économique des années 2000, les sociétés internationales des secteurs des matières, de l’énergie et des produits industriels étaient dans une situation comparable à celle des sociétés technologiques américaines des années 2010. Les indices MSCI EAEO Métaux et mines et MSCI Énergie ont progressé de 26,3 % (taux annualisé combiné) au cours de la période de 6 ans se terminant en 2007. Le dollar américain est le mécanisme de référence pour l’établissement des prix de la plupart des produits de base à l’échelle mondiale, dont le plomb, l’argent, le soja et le pétrole. Sur de longues périodes, il y a eu une relation inverse entre les prix des produits de base et le dollar américain. Autrement dit, lorsque le dollar américain se déprécie, la demande de produits de base tend à augmenter, car les acheteurs étrangers de produits de base utilisent le dollar américain pour acheter plus qu’ils ne le peuvent avec leur monnaie locale et ainsi bénéficier d’une décote. Il en découle un effet d’entraînement pour le secteur des produits industriels, puisque la production et l’extraction de produits de base ne peuvent se faire sans équipement, comme des tracteurs, des pompes, des camions, des excavatrices, etc. Si elle n’est pas confirmée dans tous les cas, on ne peut ignorer que cette relation existe d’un point de vue historique.
La relation entre inflation et services bancaires
Comme nous l’avons vu au cours des 18 derniers mois, lorsque l’inflation augmente ou demeure élevée dans un contexte de vigueur économique, les banques centrales interviennent et relèvent les taux d’intérêt en vue de contrôler les prix. D’après le scénario actuel, l’inflation va diminuer de façon ordonnée pour revenir à la cible des banques centrales, lesquelles adopteront une position plus conciliante et réduiront leurs taux. Mais il est fort possible que nous n’en ayons pas fini avec l’inflation. Selon les dernières nouvelles, nous pourrions en effet être au début d’une spirale des salaires et des prix. Par exemple, divers constructeurs automobiles et compagnies aériennes procèdent à des augmentations dans le cadre des négociations avec les syndicats. De plus, les prix du pétrole ont récemment rebondi après les réductions de production de l’OPEP+ et la reprise du conflit au MoyenOrient. Aussi, les mesures d’inflation prévisionnelles, comme le taux d’inflation prévu sur 5 ans aux États-Unis et les anticipations d’inflation sur 5 à 10 ans de l’Université du Michigan, repartent à la hausse. Dans le cas où l’inflation élevée persisterait plus longtemps que prévu, les banques pourraient profiter d’une hausse des taux d’intérêt si l’économie ne plonge pas dans une récession prolongée. Les banques internationales seraient particulièrement concernées, puisque ce segment mal-aimé du marché, qui a fait face à une réglementation rigoureuse et à des produits nets d’intérêts dérisoires depuis la crise de la dette et financière, présente désormais des niveaux de risque et d’endettement considérablement réduits, une bonne consolidation et des cours intéressants, inférieurs à la valeur comptable dans de nombreux cas.
Diversification
Même si les liens que nous avons établis ci-dessus entre la période précédant le cycle des années 2000 et la période actuelle sont importants, nous ne devons pas perdre de vue la situation d’ensemble. Depuis 1980, l’indice de valeur MSCI EAEO a surpassé l’indice S&P 500 près de 40 % du temps sur des périodes mobiles de 5 ans (figure 3). L’épisode le plus récent de surperformance des actions américaines sur une période mobile de 5 ans par rapport à l’indice MSCI EAEO est le plus long des 40 dernières années. Nous avons cependant observé une phase semblable de domination des actions américaines dans les années 1990. Il faut donc s’attendre à ce que cette alternance se poursuive. Cela montre surtout que, pour les investisseurs à long terme, une pondération des actions de valeur internationales constitue une bonne piste de diversification pour un portefeuille détenant des actions américaines. Les avantages historiques de la diversification sont bien connus dans le milieu des placements, mais, aujourd’hui, la catégorie des actions de valeur internationales offre une plus grande diversification aux investisseurs américains, par rapport aux catégories d’actions de base et de croissance internationales. Et ce n’est pas tout : du point de vue des corrélations, ce niveau de diversification est équivalent ou proche des plus hauts niveaux observés par le passé (figures 4a et 4b).