Moins de dépendance à l’égard de la croissance des ratios
Au cours de la dernière décennie, les sociétés américaines ont surclassé les autres sociétés pour deux des facteurs d’appréciation des cours: les bénéfices et les évaluations. Pourtant, comme nous l’avons mentionné plus haut, l’extrapolation des données récentes pour prendre des décisions dans le présent est souvent vaine. Il pourrait être plus judicieux de penser à la trajectoire des évaluations et des bénéfices au cours de la prochaine décennie. En ce qui a trait à l’évolution des évaluations, les banques centrales ont cessé d’injecter massivement des liquidités, et, si les taux d’intérêt demeurent élevés, on peut s’attendre à un retour à la moyenne à long terme des ratios boursiers. Dans ce contexte, on s’attendrait à ce que les ratios augmentent peu ou pas du tout. Dans les cas où les ratios demeurent élevés par rapport aux moyennes à long terme, comme pour les actions américaines et, en particulier, les actions de croissance américaines, une diminution des ratios est non seulement possible, mais probable. Toute appréciation future devra probablement découler de la croissance des bénéfices et des dividendes.
Importance accrue des bénéfices et des dividendes
Sur le plan des bénéfices, les actions américaines ont été avantagées de manière disproportionnée au cours de la décennie précédente, qui a été marquée par une combinaison parfaite de liquidités abondantes, d’inflation minime et de faibles taux d’intérêt convergeant avec une catégorie d’actif devenue un substitut pour les actions de croissance. La pandémie mondiale a encore accéléré la croissance des revenus et des bénéfices des sociétés technologiques, principalement situées aux États-Unis. Le contexte actuel est cependant très différent, car un sous-ensemble plus important de secteurs et d’industries pourrait profiter des tendances futures. Cette situation, conjuguée à la possibilité d’un contexte de faibles rendements, pourrait profiter aux investisseurs mettant l’accent sur le pouvoir de fixation des prix et la stabilité des marges des sociétés de qualité, peu importe leur lieu de résidence. Ainsi, l’alpha propre à une société devient plus important que le bêta factoriel. De plus, les dividendes constitueront une composante plus importante de l’appréciation des cours dans un contexte de faibles rendements, et les actions autres qu’américaines ont historiquement versé des dividendes plus élevés.
Des tendances futures qui devraient profiter à un plus large éventail de sociétés
Même si la technologie et l’intelligence artificielle occuperont une place importante dans nos vies, nous croyons que les tendances futures profiteront également à un plus grand nombre de secteurs et d’industries qu’uniquement aux sociétés axées sur la technologie ayant mené la dernière décennie. Bon nombre des sociétés de ces autres secteurs sont établies à l’extérieur des États-Unis. Les tendances futures pourraient notamment comprendre une augmentation des dépenses en immobilisations, la transition énergétique et la décarbonisation, ainsi que la relocalisation et le rapprochement des chaînes d’approvisionnement, pour n’en nommer que quelques-unes.
Investir dans des titres à revenu fixe traditionnels
Au cours des 10 à 12 dernières années, les dépenses en capital ont diminué considérablement en pourcentage des ventes, et en raison de cette faiblesse, les titres à revenu fixe affichent aujourd’hui cinq ans de plus que dans les années 1970 et 1980, ce qui souligne le besoin d’investissements (figure 9). À l’issue de la crise financière mondiale, les entreprises ont eu accès à des capitaux « gratuits » grâce à l’assouplissement quantitatif des banques centrales. Par conséquent, les entreprises avaient essentiellement deux choix : elles pouvaient réinvestir dans leurs propres activités ou recourir à des pratiques d’ingénierie financière comme les rachats d’actions. Étant donné que la croissance économique et l’inflation étaient faibles, le réinvestissement n’était pas une option très intéressante. Comme nous l’avons mentionné, les sociétés qui ont fait des dépenses ont investi dans la technologie (dépenses en exploitation) plutôt que dans les dépenses en immobilisations traditionnelles, ce qui a entraîné le vieillissement des immobilisations privées. Cette absence de dépenses en immobilisations et en infrastructures commence à être corrigée, ce qui devrait profiter à divers secteurs et industries autres que la technologie, qui avaient été laissés pour compte au cours de la décennie précédente.