Sujets mensuels sur les marchés boursiers
Un examen des tendances et des dynamiques des marchés boursiers mondiaux.
En résumé
- De graves risques macroéconomiques se profilent à l’horizon, en particulier sur le plan de la croissance, alors que des signes de ralentissement se manifestent
- Les distorsions causées par les droits de douane compliquent l’interprétation des données économiques et pourraient masquer des vulnérabilités sous-jacentes de la croissance
- Les marchés boursiers pourraient mal évaluer les risques en raison du pessimisme et des évaluations élevées
- Pour les aider à composer avec l’incertitude actuelle, on devrait encourager lesinvestisseurs à prioriser la résilience en se concentrant sur les placements de grande qualité, en adoptant une approche défensive et en maintenant une discipline stricte en matière d’évaluation
1. Contexte boursier
Après une période de résilience économique qui a suivi la pandémie, les États-Unis pourraient faire face à des turbulences sur le plan économique, soit un ralentissement temporaire déclenché par les chocs liés aux politiques défavorables à la croissance telles que les droits de douane, les restrictions en matière d’immigration et les réductions budgétaires. Certaines de ces mesures pourraient être inflationnistes au départ en raison d’un choc ponctuel sur les prix, mais elles devraient être atténuées par la baisse des coûts de l’énergie et une possible destruction de la demande.
2. Décoder les signaux
Certains signes avant-coureurs pourraient inciter à la prudence au cours des prochains mois. La forte baisse du transport de marchandises en provenance de la Chine et le déficit commercial record témoignent de la demande anticipée et de l’accumulation préventive. Lesindicateurs prospectifs tels que la confiance des consommateurs et les indices des directeurs d’achats du secteur manufacturier sont particulièrement négatifs. Le déficit commercial record donne à penser que la robustesse des données économiques pourrait découler d’un devancement de la demande en prévision d’une hausse future des prix.
L’étendue des répercussions de ces politiques sur les services et d’autres secteurs économiques demeure incertaine en attendant que les décideurs fournissent davantage de précisions.
3. Le choc de l’offre non souhaité
Le pire scénario pour les États-Unis pourrait être un choc majeur de l’offre. Les chocs de l’offre ont tendance à perturber l’économie plus que ceux liés à la demande, car ils se répercutent sur les chaînes d’approvisionnement. Les sociétés retirent maintenant leurs prévisions de bénéfices (une façon polie de dire qu’elles n’en ont aucune idée) ou proposent des scénarios de rechange. Cette approche prudente ne reflète pas nécessairement le pessimisme, mais plutôt une adaptation réaliste à un contexte imprévisible. C’est important parce que les bénéfices stimulent l’emploi et les dépenses en immobilisations, deux facteurs nécessaires à la croissance économique. Les sociétés ont besoin de règles d’engagement claires avant de se lancer dans des investissements importants et d’embaucher.
Des décennies de financiarisation et d’optimisation des chaînes d’approvisionnement ont soutenu une rentabilité record des entreprises. L’importation de biens bon marché a amélioré le niveau de vie, tandis que l’exportation d’actifs financiers liés à ces biens a permis de recycler de l’argent. Tout cela est maintenant potentiellement menacé et il est peu probable qu’un recalibrage fondamental se produise sans entraîner des conséquences importantes.
4. Un marché optimiste malgré l’incertitude
Le marché semble anticiper un revirement tarifaire. Malgré l’incertitude entourant la durée et l’ampleur des droits de douane, l’indice S&P 500 est presque revenu à ses niveaux d’avant le 2 avril, et même si les prévisions de croissance des bénéfices pour 2025 ont été révisées à la baisse, elles demeurent tout de même robustes à environ 9 %. Toutefois, selon nous, les ratios élevés des marchés, la détérioration de la confiance des investisseurs et les changements de politique réactifs (plutôt que stratégiques) posent des risques de marché. Dans le passé, une confiance chancelante présentait habituellement des occasions d’achat, mais seulement lorsque les évaluations étaient faibles, ce qui n’est actuellement pas le cas. Le risque de représailles tarifaires hors de la Chine demeure et même le retrait d’une grande partie de ces politiques pourrait laisser des cicatrices à court terme, ce qui ne semble pas suffisamment pris en compte pour l’instant.
La dépréciation du dollar profite toutefois à certains, car environ 40 % des bénéfices de l’indice S&P 500 proviennent de l’étranger, et il reste à voir les aspects favorables à la croissance qu’auront le projet de loi de conciliation budgétaire comme la capacité envisagée de déduire les investissements dans des installations, équipements et immeubles neufs dès la première année plutôt que de les amortir sur leur durée de vie.
Compte tenu de la fourchette de résultats potentiels, le marché semble assez optimiste quant à ce qui pourrait se produire et confiant quant à ce qui se produira à partir de maintenant. En attendant des politiques plus claires, le taux de chômage est un indicateur clé à surveiller et toute hausse importante devrait inquiéter les investisseurs boursiers, car elle pourrait être un prélude à une baisse de la demande des consommateurs en biens et services. Un autre facteur à surveiller est l’élargissement des écarts de taux, qui témoigne de la détérioration de la santé des sociétés.
5. Positionnement stratégique : détenez ce que vous pouvez expliquer
Notre scénario de base est fondé sur un marché qui évolue dans une fourchette étroite et une volatilité persistante en l’absence de politiques très claires. Un simple gazouillis pourrait toutefois modifier la donne positivement ou négativement. Il est vrai que les perspectives du marché sont incertaines à court terme. C’est pourquoi nous suggérons de cesser de mettre l’accent sur ce que la Réserve fédérale américaine ou la Maison-Blanche pourraient faire et de plutôt se concentrer sur l’évaluation de la résilience des sociétés et sur ce à quoi elles peuvent résister. Selon nous, les investissements devraient être orientés vers les sociétés dotées d’un solide pouvoir de fixation des prix, de bilans sains et d’une souplesse opérationnelle. Nous croyons qu’il est préférable d’éviter l’effet de levier, particulièrement dans les secteurs cycliques. Les investisseurs pourraient utiliser la volatilité des marchés pour améliorer la qualité de leurs portefeuilles et mettre à l’essai leurs hypothèses de placement, y compris les prévisions de bénéfices, la durabilité des marges, le service de la dette et les plans de dépenses en immobilisations.
6. Conclusion : accueillez l’incertitude au lieu de la craindre
Les conditions actuelles du marché ne laissent pas entrevoir d’effondrement imminent. Il ne s’agit pas de la COVID ni de la crise financière mondiale, mais les investisseurs doivent composer avec un recalibrage des prévisions de bénéfices, des activités des chaînes d’approvisionnement et de la définition de la résilience des sociétés dans un contexte économique moins mondialisé et plus litigieux. À notre avis, l’acceptation de l’incertitude plutôt que sa crainte est le coût de la capitalisation du patrimoine. Dans la situation actuelle, les investisseurs devraient opter pour des stratégies de placement rigoureuses qui mettent l’accent sur la croissance à long terme par la qualité et la stabilité plutôt que sur les gains à court terme. Pour nous, les placements en actions n’ont jamais été une question de certitude, mais plutôt de conviction face à l’incertitude.
Les opinions exprimées dans le présent document sont celles du Groupe des stratégies et analyses de MFS au sein de l’unité de distribution de MFS et peuvent différer de celles des gestionnaires de portefeuille ainsi que des analystes de recherche de MFS. Ces opinions peuvent changer sans préavis et ne doivent pas être interprétées comme des conseils de placement, des recommandations de titres ou une indication d’intention de placement du conseiller au nom de MFS.
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